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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 08:51

A Lille, « Cave des Célestines », l’ATNF a organisé, le 1er juin 2013, la deuxième édition de leur séminaire : « Suite des révolutions arabes : quelle participation des Femmes au changement social ? »

HPIM1014.JPGL’atmosphère était à l’image de cette journée ensoleillée : productive. Des tunisiens et des français, des rationalistes de la liberté pour chacun, se sont retrouvés.

Au cours de l’ouverture, Sarah CHAAR, vice-présidente de l’Association des Tunisiens du Nord de la France a tenu à  rappeler les mots prononcés par le Président, Hafedh Abbes, lors du 1er séminaire, le 19 mai 2012 : « Ce "printemps arabe", est-il le printemps du droit des femmes ? »

Devant un auditoire d’une cinquantaine de personnes, Sonia DAYAN-HERZBRUN, Nadia HKIMI et

                                                                                       Mme Virginr TCHOFFO, conseillère municipale

                                                                                       Déléguée aud droits des femmes (Lille)

 

Syrine ISMAïLI se sont exprimées sur le thème : « Quels combats à mener dans la transition démocratique pour l’égalité Hommes/Femmes ? »

 

  • L’agir politique des femmes

Sonia DAYAN-HERZBRUN, sociologue à l’université de Paris-Diderot 7, nous a rappelé que toutes les entreprises coloniales ont toujours prétendu sauver des femmes de leurs hommes. Le prétexte est fallacieux, il a toujours caché de sombres dessins.HPIM1018

Elle affirme que les préjugés se maintiennent depuis la fin de la colonisation. L’ère post-coloniale dans laquelle nous demeurons, conserve certains traits de la période coloniale.

Il lui tenait de conclure en rappelant le juste combat de femmes palestiniennes au siècle dernier. Vers 1870-1880, ces femmes nous rappellent qu’il faut lutter sur trois fronts : la colonisation, l’identité de la nation et le droit des femmes.

Elle apportera, après les interventions de mesdames ISMAILI et HKIMI, des données sur la situation en Egypte, plus difficile, même si le combat des « sœurs musulmanes » a valeur d’exemplarité et est porteur d’espoirs.

  • Les constitutions en débat : un recul juridique pour les femmes ?

Syrine ISMAïLI, Docteur en Droit et enseignante à l’Université Catholique de Lille, membre de l’ATNF, a apporté son expertise sur la Constitution tunisienne en cours d’élaboration, de l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante à aujourd’hui.

Elle a débuté en rappelant l’importance d’une Constitution pour les individus.

Puis, nous remémore les trois étapes pour la réalisation du projet de Constitution, voulue par le peuple représenté par sa société civile : « le brouillon », « l’avant-projet » et le « projet ». Toutefois, une quatrième étape a été définie. En effet, certains nahdaouis parasitent totalement le process.

Le statut de la Femme, défini par le CSP, est ainsi mis en cause dès le brouillon de la Constitution. Les mots "partenaires", "complémentaires" et leur sens attribués pour définir le rapport Homme/Femme ont choqué, meurtri une grande part des citoyens.

Pour de nombreux constitutionalistes et Human Rights Watch, il demeure de nombreuses ambiguïtés, des difficultés d’interprétation.

Syrine ISMAILI préconise, entre-autres, une constitutionnalisation des acquis des droits de la femme. Une étape de sauvegarde avant un chérissable épanouissement.

  • La société civile en effervescence : une nouvelle visibilité des femmes ?

Nadia HKIMI, Directrice exécutive et co-fondatrice de l’ATFD (Association Tunisienne des Femmes Démocrates), nous a présenté son association qui a réussi, au début des années 80, à générer l’idée d’association légale mais la reconnaissance ne s’opérera qu’à la fin de la décennie. Le combat de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme s’en rapproche, toutefois la visée est bien moins internationaliste. L’esprit étant guidé par les réalités socio-économiques tunisiennes.

Ainsi, elle nous a rappelé le valeureux combat des femmes tunisiennes dans les bassins miniers. Elles osèrent, unies, nous rappeler trois axes de travail : l’éradication de la corruption, la libération des personnes arrêtées injustement, la création d’emplois.

Malgré leur forte présence dans les bases des corporations, associations, organisations tunisiennes, les femmes ont, aujourd’hui, leur rôle affaibli, car effacé, dans la construction démocratique.

Depuis janvier 2011, dans les différents gouvernements de forte influence nahdaouis, deux à quatre femmes sont nommées dans les ministères et secrétariats d’état "mineurs" : Santé, Famille, Environnement.

Madame HKIMI préconise la prise en compte de situations déviantes similaires à l’étranger dues à une certaine logique mondialiste, et de s’inspirer des solutions mises en œuvre par certains Etats prônant la souveraineté nationale.

Elle nous alerte sur le choix des mots. Ainsi, le mot "parité" est défini par certains « occidentaux » dans un sens digressif. Ils veulent évoquer un processus et nous éloigner de l’équité.

Puis, madame HKIMI nous invite à aider par le développement d’argumentaires, et se remémore, pour mieux nous inviter, une récente expérience de débats et de formations riches, en Tunisie, sur la définition des termes démocratiques. De beaux échanges citoyens eurent lieu sur le mode de scrutin.

Pour la deuxième table ronde, l’ATNF est en partenariat avec le réseau Femmes pour un Autre Monde de Pascale CHOQUET. Sophie BESSIS et Najoua MAKHLOUF, devant un auditoire d’une vingtaine de personnes, interviennent sur le thème : « Quelle participation des femmes à la construction de nouveaux rapports économiques ? »

  • Pour une révolution économique, une critique du modèle dominant.

Sophie BESSIS, militante de l’ATFD et chercheuse associée à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques, nous a alerté sur la dichotomie entre la logique d’entreprise (coût, obsolescence des produits) et la vie d’une femme épanouie.

 

 

  • Femmes et travail : Des combats pour des conditions décentes.

Najoua MAKHLOUF, médecin, présidente de la commission femmes de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens, a évoqué ses luttes avec les femmes des régions du sud et du nord-ouest. Elles se sont battues pour que certaines femmes soient têtes de liste sur des listes électorales. Peu de femmes seront élues mais le pays gagne, par ces femmes, un net regain d’énergie entrepreneurial.

HPIM1024.JPGPar un des échanges avec l’assistance, on rappelle que les chiffres de la représentation des Femmes dans la société, en France et en Tunisie, sont quasi-équivalents : 2 à 3 % des femmes sont à la tête des grandes entreprises, la rémunération des femmes – tous secteurs d’activité confondus - est de 20 à 30 %  inférieure à celle des hommes,…

Cette réunion des deux rives a nettement contribué à l’affermissement de la citoyenneté et de l’égalité grâce au regard des femmes.

                                                                MA BM

                                                            1 juin 2013

 

 

 

 

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france-tunisie2.pngATNF: créée en 1993, l'association des Tunisiens du Nord rassemble des personnes d'origine Tunisienne, vivant dans le Nord-Pas-de-Calais et revendiquant une citoyenneté d'ici et là-bas. La lutte contre les discriminations et le racisme dans la société Française fait partie des objectifs de l'association, mais aussi la défense et la promotion des droits de l'Homme, et notamment des droits des femmes en Tunisie.

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ATNF vient de fêter l'anniversaire de la chute du régime de Ben Ali, évènement à l'occasion duquel l'association avait été amené à jouer un rôle de leader et de catalyseur des revendications sociales des tunisiens au sein du territoire Nord-Pas-de-Calais. C'est naturellement que les membres de l'association s'interrogent sur le renouveau politique et le modèle démocratique proposé désormais en Tunisie, car le choix des dirigeants et le changement de législation a nécessairement un impact sur les citoyens immigrés et vivant sur notre territoire. Le statut des femmes pose notamment question: le nouveau régime sera t-il porteur d'une évolution pour les droits de l'Homme, pour ceux des femmes d'une évolution pour les droits de l'Homme, pour ceux des femmes en particulier, pour l'égalité entre les sexes et les libertés individuelles ? Ces questions ont mené ATNF à porter au sein du territoire régional un projet de séminaire interrogeant ces problématiques d'actualité.

l'ATNF est membre de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) au niveau national.

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