« Le racisme dans tous ses Etats »
Plus discret, plus sournois, le racisme aujourd’hui fait partie intégrante d’un système. Les récents hommages des associations, partis politiques et artistes à la Marche pour l’Egalité et contre le Racisme menée en France en 1983, a remis le thème sous les projecteurs médiatiques. Il ne fut pas inutile de rappeler les combats passés pour l’égalité des droits entre tous les Français, quelques soient leurs origines. Les débats ont malheureusement laissé de côté les combats à venir. Or, la question est toujours brulante d’actualité. Rappelons quelques données ; non pas des actes racistes commis chaque jour en France, ni des sondages sur la vision des Français concernant l’immigration, oublions également un instant les propos racistes d’élus de tous bord, tournons nous plutôt vers ce qu’on appelle communément l’ « ascenseur social »:
Dès l’enfance, à l’école, les enfants d’origine étrangère réussissent moins bien que les autres. Des études ont montré qu’ « à l’entrée en 6ème, les résultats obtenus aux évaluations nationales par les élèves dont les deux parents sont immigrés ou étrangers…se situent près de dix points au-dessous de la moyenne nationale”(1). Alors que l’école est censée diminuer les différences sociales, à l’adolescence le fossé se creuse puisque les chiffres montrent que ces jeunes sortent plus souvent du système éducatif que les autres.
A l’âge adulte, d’autres problématiques se posent, notamment celle de l’emploi : « Trois ans après la fin de leurs études, 77 % des jeunes occupent un emploi en moyenne… Ce taux est de 66 % pour les enfants dont les deux parents sont nés à l’étranger”(2).
L’âge adulte correspond également à l’éveil politique. Or la citoyenneté est elle aussi le fait d’inégalités. Et c’est probablement le point le plus alarmant : Sur 577 députés, 10 seulement sont issus de l’immigration, soit 1,7% du Parlement. C’est loin d’être représentatif de la population concernée et c’est symbolique d’une situation où le pouvoir suprême qu’est le politique est réservé à une caste.
Enfin la vieillesse n’est pas épargnée par ces inégalités: Les vieux immigrés sont clairement moins bien lotis que les vieux non immigrés. Ils font face à une véritable suspicion dans leurs démarches administratives (retraite, allocations familiales, impôts, sécurité sociale…) et doivent très souvent arracher leurs droits au prix de leur santé, et parfois de procès contre l’administration.
Bref, un citoyen français né de parents immigrés ne bénéficie pas des mêmes chances dans la vie qu’un français né de parents français. Pour lui, le chemin sera tortueux. Dès son enfance jusqu’à la fin de son existence, il rencontra des embûches et fera l’objet du pire des racismes, un racisme normalisé, organisé, systémique. C’est ce racisme qui doit être combattu aujourd’hui, mais avant tout reconnu, par le peuple, ses élus, et donc l’Etat.