Hommage à Chokri Belaid : Non à l’oubli.
Par Hafedh AFFES
Le 6 février 2013, Chokri Belaid, secrétaire général du parti des patriotes démocrates unifié et membre fondateur du front populaire a été lâchement abattu par balles devant son domicile. L’assassinat odieux, dans l’esprit de ses assassins et commanditaires, répond à un seul dessein à savoir réduire au silence cette voix libre et dérangeante voire assassine pour un pouvoir en pleine déliquescence. Chokri est assassiné parce qu’il a bien saisi la nature profonde des islamistes et n’hésite pas quand le moment se présente à étaler sur la place publique leurs mensonges, leur hypocrisie et leur corruption. La liquidation physique, pour ses détracteurs, se présente comme le recours ultime pour s’en débarrasser ; les menaces verbales, les appels au meurtre ne suffisaient pas. Le paradoxe, c’est que le martyr n’a de cesse, jusqu’à la veille de son assassinat, de dénoncer avec verve la violence émanant des ennemis de la démocratie.
La mort prématurée de Chokri Belaid, certes, nous a privés d’un leader de premier rang mais ne peut ôter de notre mémoire le message qu'il nous a légué afin d’emprunter le sentier tracé à notre intention. Un sentier qui nous mènera vers la victoire politique face à la réaction et à la violence érigée en mode de gouvernance. Un mode de gouvernance qui s’apparente étrangement à celui du précédent gouvernant. Contrairement à ses ennemis, Chokri mettait en exergue sa vision de la société qui puise son essence dans les aspirations des classes populaires désabusées par un discours trompeur. La seule arme qu’il dégaine, c’est sa capacité d’atteindre les tunisiens-nes par la force de son verbe, la justesse et la clairvoyance de ses analyses et son amour pour la patrie.
Chokri fait peur pouvoir en place. A chaque intervention, il n’hésitait pas à dénoncer leur incompétence dans la gestion des affaires de l’Etat. Il dénonçait leur avidité et leur manière de se partager le pouvoir au détriment du peuple et de la Tunisie. Le pillage des richesses de la nation, la spoliation du peuple, la paupérisation des classes populaires et moyennes, la manipulation de la population par l’instrumentalisation de la religion, la mise en sourdine des objectifs de la révolution… constituent leur seul souci. C’est cette mauvaise gouvernance, cette avidité malsaine que notre martyr combattait bec et ongles.
Chokri est mort mais son message ne l’est pas. La flamme est toujours allumée et ne s’éteindra jamais. L’avènement d’un avenir meilleur reste l’objectif.
Célébrer le premier anniversaire de son assassinat, c’est affligeant. Nous aurions préféré qu’il soit aujourd’hui parmi nous afin que nous poursuivions la lutte ensemble pour la justice, la liberté, et la dignité.
Célébrer le premier anniversaire de son assassinat incombe à chacun de nous non seulement pour rendre hommage au martyr, à son combat, à ses pensées mais aussi pour honorer sa mémoire et surtout ne pas oublier.
Lille 6 février 2014